Ile Santa Maria, La Maddalena, Sardaigne
Une dizaine de voiliers sont au mouillage, suédois, anglais, espagnols ou italiens. Et nous. Une dizaine de constructions s’éparpillent sur l’ïle, dont un petit restaurant, là où jadis n’était dressée qu’une bâtisse, fort délabrée aujourd’hui.
Elle est squattée par un vendeur de coquillages et autres assemblages de fortune. Il a installé son étal sur la plage, près du débarcadère. Dans la journée des navettes débarquent les touristes pour 20 minutes de visite et… d’emplettes !
Nous faisons le tour de l’île suivant de petits sentiers à demi ombragés. Près des constructions poussent pins et fleurs exotiques, sur le reste de l’île lentisques, genévriers de Phénicie, cistes, ajoncs, spartiers… une flore identique aux terrains siliceux de Corse.
Une lagune borde la plage. Pour les oiseaux c'est un havre semblable à ceux que ferment les dunes de sable sur la majorité des plages corses.
A l’ouvert de la crique, une petite mer intérieure constitue le centre de l’archipel de la Maddalena, dans un méli-mélo d'îles, d'eau et canaux...
« Et je m’éloigne et vais vers le rivage.
La barque, et d’autres barques, y sont venues.
Mais tout est silence, même l’eau claire.
Les figures de proue ont les yeux encore
Clos, à l’avant de ces lumières closes. «
Yves Bonnefoy – L’agitation du rêve
Au sommet de l'îlot, ceux qui n’avaient pour tout bien que cette terre ventée, ont bâti une chapelle, toute blanche, minuscule, avec contre son flanc un portique pour une sobre cloche de bronze.
Sur l’autel s'étale le bric-à-brac habituel de ces lieux, mais, dans un coin, une dizaine de photos, poignantes dans leur dénuement, Madame jeune et souriante, puis plus âgée, et Monsieur, et les enfants… et les années qui passent, nous rappellent instantanément que cette île, qui nous semble un rêve aujourd'hui, fut coupée du monde des siècles durant.
